Joe Cocker : il chantait déjà à Woodstock
Télé 7 Jours (1994) - Isabelle Caron & Cécile Tesseyre

15 aout 1969. Triturant une guitare imaginaire et hurlant de sa voix cassée, il offre à 500.000 jeunes "With A Little Help From My Friends", le succès des Beatles, dans une version gravée pour l’éternité. Vingt-cinq ans plus tard, le géant est prêt à récidiver.

Il se déhanche, triture une guitare imaginaire, mime des envolées de piano, se tord de grimaces et hurle de sa voix cassée. Cheveux mouillés de sueur, tee-shirt à fleurs délavé au col déchiré, Joe Cocker offre, à 500.000 personnes, "With A Little Help From My Friends", dans la version la plus éraillée, la plus blues qui existera jamais. A faire se dresser les cheveux sur la tête des Beatles qui, déjà, lorsqu’il a repris leur tube sur disque, lui ont envoyé un télégramme de félicitation. Le week-end du 15 aout 1969, ils sont tous réunis pour un festival, dans la région de New York, qui va devenir l’emblème de la génération Peace & Love. Un paysan a prêté son champ et, pendant trois jours, il n’y aura pas un seul coup de poing ! Les hippies communient dans leur amour de la musique.


Pour six milnutes de magie, Joe Cocker entre dans la légende et la perpétue. Ce géant est prêt, le 13 aout, à recommencer, sur la scène de Woodtsock, à chanter à nouveau la chanson culte et célébrer les 25 ans du festival. Vingt-cinq ans de bière, de bourbon et de tabac plus tard, sans parler de quelques douceurs artificielles auxquelles il a renoncé, Joe Cocker cache ses rides derrière une barbe folle. Des rides à l’âme aussi. Il a brulé sa vie, mais il s’en est sorti. Il va sembler bien seul à Woodstock. Sur la première affiche, il y avait Hendrix et Janis Joplin. Ils sont morts d’overdose à 27 ans.

Les autres n’ont pas toujours la tête à cultiver le passé et les symboles. Joe cocker – 50 ans -, lui, n’en finit pas d’user sa voix sur les scènes du monde. Porte-parole de la perfection coté rythm’n’blues, cet ancien employé du gaz de Sheffield, dans la bonne terre anglaise ou il a vu le jour, ranime la flamme du rock pur et dur, de hasard en hasard. Après sa descente aux enfers des années 70, il rencontre Chris Blackwell, le maitre (de musique) des disques Island, et, flanqué des deux pointures qui ont œuvré avec Bob Marley, Joe balance deux succès planétaires correspondant à des films.

Il élève un couple de cochons

D’abord "Up We Belong" en duo avec Jennifer Warmes pour "Officier & Gentleman", puis "You Can Leave Your Hat On”. Tous ceux qui ont été envoutés par me strip-tease de Kim Basinger n’ont pourtant pas oublié la voix de Joe Cocker. Une chanson signée Randy Newman. Joe a toujours su choisir chez les plus grands. Alchimiste de la musique, il n’a pas son pareil pour s’approprier les tubes les plus célèbres : "A Whiter Shade Of Pale" (Procol Harum), "Many Rivers To Cross" (Jimmy Cliff), "Just Like A Woman" (Bob Dylan). "Le seul blanc à rivaliser avec les noirs" – ce sont les experts qui le disent – est aussi allé chercher son inspiration pas si embrumée que ça, dans les visions de sa jeunesse : "Night Calls" est un album et une chanson qui ont triomphé en 1992.

Pour échapper aux marchands de coke qui hantaient sa maison à Los Angeles, il s’est installé à la campagne, à Santa Barbara. Il cultive ses carottes, sérieux, et élève un couple de cochons de compagnie, le nouvel animal à la mode aux Etats-Unis. Couché tôt, bien tôt, il étonne ses amis. Il s’est aussi marié mais avec "une femme qui respecte mes libertés" ; celle, notamment, de s’offrir quelques fleurs de malt (whisky) et quelques cigarettes. Juste ce qu’il lui faut pour ne pas perdre la voix !


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